de(s)générations 10

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Ligne de tir 2

Rédacteurs : Jean-Marc Cerino et Philippe Roux

Sommaire

  • Marie-José Mondzain : Pouvoir des industries audio visuelles ou autorité de la culture ?
  • Cécile Mainardi : Promenade aux phrases
  • Michel Gaillot : Politique et police de la mondialisation
  • Nicolas Tardy : Secousses secondaires
  • Ligne de tir - tir à vue - pointe à l’œil
  • Jean-Christophe Bailly : Retour sur la comparution
  • Pablo Garcia : Un pingouin dans la forêt lacandone (entretien avec Jean-Marc Cerino)
  • Gérard Conio : Requiem pour le mur de Berlin
  • Nicolas Tardy : Mai (flashs)
  • Véronique Giroud : Retour sur… “figure, figurants” - Le vrai est ce qu’il peut ; le faux est ce qu’il veut
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Caractéristiques techniques

Date de publication : 10 février 2010
Format : 14,8 x 21 cm - 96 pages
ISBN : 978-2-35575-102-8
ISSN : 1778-0845

Edito

À quand l’époque(1)

Dans La haine de la démocratie, Jacques Rancière part d’une évidence : “l’histoire est faite par les gens qui n’ont qu’une vie” et “les nouvelles générations essaient de donner du sens à certains mots, à certaines espérances liées à ces mots, dans des contextes différents, avec des formes de transmission qui sont elles aussi différentes et aléatoires”.
Les mots, certains mots, redonner à certains mots une importance nouvelle, des mots que nous avons tenté de réinterroger tout au long de ces dix numéros. Les mots défiliation, devenir, mythe ou en commun, voire communisme, objectifs linguistiques et symboliques à re-configurer, beaucoup de mots à démerder pour se réapproprier certaines boîtes à outils conceptuelles il va sans dire.
Pourtant nous avons été soumis à une machine à désubjectiver, à désubstantialiser les mots.
Rarement une machine n’a si subtilement associé police et loisir, répression et démocratie, brouillant nos identités classiques au point de ne plus savoir nommer.
Brouillage, voila un mot sur lequel travailler.
En commun, autre mot à se réapproprier, tel l’autre, l’ouvert, Novalis ne nous a-t-il pas appris la “poésie élargie”…
Nous entendons cet élargissement comme l’association possible des mots et des actes, des mots et des choses. Et pourtant quand nous utilisons le beau mot d’universalité, nous constatons qu’il n’y a aujourd’hui d’universelle que la dictature effrayante du marché.
Ne pas être seulement convoqué par la marchandisation.
“La mise en commun d’une pensée par soi-même”, cette phrase si souvent reprise par l’ami Bailly(2), celle du jeune Schlegel, nous laisse espérer que si les contextes sont différents, les espérances, de bien des manières, sont les mêmes.
Désorientés, nous avons des valeurs ; ce que d’autres nomment les suicidés du travail, nous l’appelons lutte des classes.
Ce que la société démocratico-parlementaire appelle immigrés nous l’appelons peuple.
À l’heure où ici et là éclatent quelques grèves, apparues-disparues, se raccrocher à ce spectre nominatif c’est refuser le fatalisme d’un marxisme ingéré dans le ventre stupide des démocratures, nous n’avons effectivement qu’une vie, renommons… ligne de tir, et que chacun soit comme tous.(3)

Philippe Roux

(1) Voir entretien Gilles Deleuze, ”l’époque n’y est plus” Nouvel Observateur, novembre 1995.
(2) Jean-Christophe Bailly La Légende dispersée : Anthologie du romantisme allemand, Paris, 10/18, 1976 (rééd. Paris, Bourgois, 2000).
(3) Holderlin, La mort d’Empédocle, édition publiée sous la direction de Philippe Jaccottet, Bibliothèque de la Pléiade.

DES-10

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Ont participé à De(s)générations n°10

Jean-Christophe Bailly, Gérard Conio, Gilles Favier, Sonia Foulc, Pablo Garcia, Véronique Giroud, Cécile Mainardi, Marie-José Mondzain, Nicolas Tardy