de(s)générations 23

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Prévoir avec l’afrique, agir dans le monde qui vient

Rédacteur : Arnaud Zohou

Sommaire

  • Entretien avec Jean-Loup Amselle : Penser avec l’Afrique, penser contre l’Afrique (des post-coloniaux)
  • Saïd Bouamama : Les crises africaines contemporaines à la lumière des penseurs de la révolution africaine
  • Françoise Blum : Aux origines d’un cosmopolitisme contemporain
  • Kwasi Wiredu : La nécessité d’une décolonisation conceptuelle en philosophie africaine (extrait)
  • Abdelkader Damani : Marcher dans le rêve d’un autre
  • Pierre-Philippe Fraiture : V.Y. Mudimbe : ordre du discours et émancipation du sujet africain
  • Arnaud Zohou : Au fon
  • Joseph Tonda  : Penser contre l’impérialisme noir
  • Iconographie : Marcia Kure, Jonathas de Andrade, Nidhal Chamekh
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Caractéristiques techniques

Date de publication : mai 2015
Format : 14,8 x 21 cm - 96 pages
ISBN : 978-2-35575-256-8
ISSN : 1778-0845

Edito

Le titre de ce second numéro autour de l’Afrique semble proposer une lecture plus politique et prospective de notre sujet, par rapport au premier qui serait davantage historique et philosophique. Ne nous y trompons pas. Dans les deux livraisons, ces éléments s’imbriquent. Et leur parution simultanée indique notre volonté de tisser ces différentes dimensions.
Penser puis Prévoir avec l’Afrique sont aussi nés du constat de la mé-reconnaissance des influences mutuelles entre la France et l’Afrique, autant dans les champs du savoir que du pouvoir : proportion ridicule d’intellectuels venus du continent dans des postes universitaires de la métropole ; enseignement tardif, partial et a minima de l’histoire coloniale et postcoloniale, rareté des publications de travaux théoriques francophones issues des anciennes colonies, sans parler des traductions abordant ces questions.
Aimé Césaire, dans sa lettre de démission du parti communiste en 1956, soulignait la révolution copernicienne qu’il y aurait à faire dans les mentalités hexagonales empreintes de préjugés raciaux, de l’extrême droite à l’extrême gauche.
Soulignant ainsi, pour cette dernière notamment, l’efficacité redoutable quoiqu’implicite de l’idéologie dominante, touchant de plein fouet les partisans et intellectuels les plus engagés, rarement enclins à rafraîchir leurs ambitions émancipatrices aux expériences et conceptions révolutionnaires africaines, qui généralement ne les intéressent pas.
Ce n’est donc pas anodin si, en France, les questions africaines ont longtemps été traitées dans une cellule à l’Élysée et non au parlement, privant la population et le débat démocratique d’un pan pourtant décisif d’une réalité qui structure depuis de longues années la société française. Car oui, on ne peut rien comprendre à la politique française sans avoir un minimum de connaissance de sa politique africaine, ne serait-ce que par le fait de son financement substantiel par les réseaux africains.
Certes il y eut Fanon, plébiscité par Sartre, et d’autres exemples de mise en valeur ponctuelle d’itinéraires politiques ou exotiques, mais le fond n’est pas là. Il est dans un ostracisme culturel profondément ancré dans l’histoire et le caractère de notre pays, avec pour conséquence aujourd’hui sa lente implosion dans un vaste déni.

Arnaud Zohou

La revue De(s)générations inscrit ces deux numéros dans une réflexion plus globale impulsée par ce grand récit disparu ces 40 dernières années : celui des émancipations politiques ; comment reconstituer une force où convergeraient les questions de classes (l’esclave, le prolétaire), de races (l’occidentalo-centrisme…), de sexes (la violence faite aux femmes, aux homosexuels…) ?
Parmi les nombreux thèmes traités depuis dix ans, quelques axes se sont dégagés, dont celui qui est ici en jeu : frottement et porosité de pensée, qui remettent en perspective le passé colonial (voir le n° 15 : Postérité du postcolonial), la question des identités (voir le n° 05, La fin des crispations identitaires), mais aussi tout ce que l’Afrique en tant que force intellectuelle et activiste peut faire émerger dans ce xxie siècle à inventer.

Philippe Roux

DES-23

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Ont participé à De(s)générations n°23

Jean-Loup Amselle, Jonathas de Andrade, Françoise Blum, Saïd Bouamama, Nidhal Chamekh, Abdelkader Damani, Pierre-Philippe Fraiture, Marcia Kure, Joseph Tonda, Kwasi Wiredu, Arnaud Zohou